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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 19:35

lepetitfils da candy

Proposer : par Da Candy Lepetitfils Leader de la légitimité citoyenne exilé politique de force

 

« Un extrait litote de : Interview réalisée par Charles d'Almeida (L'inter). »

Ambassadeur de SUISSE

SEM. David Vogelsanger: Ambassadeur de Suisse en Côte d'Ivoire

 

L'inter: Excellence, après quatre années de présence en Côte d'Ivoire, quels souvenirs emportez-vous de ce pays?

 

SEM. David Vogelsanger: La Côte d'Ivoire est un pays spécial. Hier soir, (mardi 15 juillet), lors du dîner que le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Charles Koffi Diby a offert à mon intention, j'avais déclaré que, dans la carrière d'un diplomate, il est amené à occuper trois sortes de postes. D'abord, des postes prestigieux comme Paris, Londres, Washington, des capitales où se prennent des décisions importantes. Durant ma carrière, j'ai fait Washington et Paris. Il y a ensuite une deuxième catégorie de postes, où on va parce qu'on veut accomplir tout simplement son devoir. Mais, la Côte d'Ivoire, à mon avis et de l'avis de beaucoup d'autres personnes, appartient à une troisième catégorie de pays, où on prend des racines. Les Ivoiriens sont extrêmement accueillants vis-à-vis des étrangers, on se fait des amis très rapidement, ce sont des amitiés solides. Il y a aussi la chaleur de l’accueil des populations dans les villages. Tout cela crée des liens qui ne disparaissent pas avec la fin de la mission d'un ambassadeur. Hier soir (le mardi 15 juillet), à la réception, j'ai dit que j'ai laissé mon cœur en Côte d'Ivoire. Je crois sincèrement que je vais y revenir. J'ai déjà des idées de ce que je vais faire plus tard. Mais, pour l'instant, ma mission d'ambassadeur est terminée. Dans deux mois, mon successeur va arriver.

 

L'inter: Vous êtes arrivé en Côte d'Ivoire en 2010, en pleine crise politique. Comment avez-vous vécu cette période et quelle leçon en tirez-vous?

 

Je suis venu pratiquement avec la crise, j'étais le dernier ambassadeur qui ai présenté ses lettres de créance à l'ex- président Gbagbo. Je suis, si je ne m'abuse, le dernier ambassadeur occidental sous Gbagbo, encore présent en Côte d'Ivoire. J'ai vécu cette crise ensemble avec les Ivoiriens. L'ambassade de Suisse n'a jamais fermé, le personnel n'a jamais été évacué, j'ai toujours été ici dans cette résidence, même quand les combats se déroulaient autour de la maison. Ma résidence était devenue un petit camp de réfugiés. J'y ai accueilli 27 personnes.

 

L'inter: Parmi lesquelles des personnalités politiques?

 

Non, il n'y avait pas de personnalité politique réfugiée chez moi. Il y avait un diplomate japonais qui avait trouvé refuge chez moi. Il y avait la mère, très âgée, d'un général, il y avait aussi les familles de mes employés de maison, qui sont en grande partie des Burkinabé et qui se sentaient très menacés dans leurs quartiers. J'ai accueilli tout ce monde ici. Evidemment, on s’était préparé, on avait fait des provisions, il y avait à manger, à boire. Le fait d'avoir vécu cette crise crée des liens très rapidement. C'était pour moi presque un avantage, parce qu'en un laps de temps, j'ai pu faire de nombreuses connaissances. En temps normal, j'aurais mis au moins deux ans pour le faire. Si vous étiez venu ici juste après la crise, vous auriez aperçu des impacts de balles partout dans la maison. Mais ce n'était pas dirigé contre l'ambassade de Suisse, c'était des balles perdues. Mon souci pendant cette crise, ce n'était pas ma personne, je me préoccupais plus pour les citoyens suisses. On avait évacué certains sur la base française Licorne, en l'occurrence ceux qui étaient dans les quartiers trop exposés. D'autres ont été encouragés à quitter à temps le pays. Je suis extrêmement heureux du fait qu'aucun Suisse n'ait été physiquement victime de cette crise . Aucun n'a été blessé, encore moins mort. Certains ont certes été victimes de pillages, mais il n’y avait jamais eu d'incident irréparable.

 

L'inter: Le processus de réconciliation, tel qu'il se déroule, répond-il aux attentes de votre pays?

 

La question préoccupe tous les ambassadeurs accrédités ici. La Côte d'Ivoire est un pays en paix certes, mais tous les problèmes ne sont pas résolus. Il y a toujours des désaccords politiques majeurs, notamment sur la manière d'organiser les prochaines élections, la Commission électorale indépendante, la question du recensement de la population, la question des documents d'identité. Malgré tout, la Côte d'Ivoire que je quitte dans quelques jours, est bien différente de celle que j'ai trouvée à mon arrivée. « Le pays est aujourd'hui en paix. » Il y a encore, certes de temps en temps des violences, quelques incursions d'assaillants venus de l'extérieur des frontières, mais par rapport à ce que nous avons vécu, ce n'est vraiment rien. « La paix règne aujourd'hui en Côte d'Ivoire et la situation est bien meilleure ici que dans bien d'autres pays africains. » Tous les problèmes ne sont pas pour autant résolus, il y a le problème de la justice. Pendant la récente crise, mais bien avant cela, pendant les quinze dernières années, d'horribles crimes ont été commis et les coupables ne sont pas tous d'un seul côté. C'est un problème qui doit être résolu pour arriver à une réconciliation nationale. Je constate que le gouvernement dialogue avec l'opposition, il n'y a toujours pas d'accord. Vous avez mentionné la CEI, c'est un dossier difficile qu'il faut, à mon avis, résoudre assez rapidement, parce qu'en 2015, il y aura élections. C'est le grand défi. Après une précédente élection chaotique en 2000 et une présidentielle controversée qui a fini dans une catastrophe en 2010, il faut parvenir en 2015 à des élections comme cela se fait dans tous les pays démocratiques du monde. C’est-à-dire on se dispute, ensuite les résultats sont proclamés, on les reconnaît et celui qui a gagné gouverne le pays et le perdant se prépare pour une prochaine échéance…

 

L'inter: Le sort du parc national du Mont Péko ne vous a-t-il pas également préoccupé?

 

Ce qui s'est passé au mont Péko, c'est plus qu'une honte, c'est un crime, parce que les occupants illégaux ont détruit ce parc. Ils ont détruit un patrimoine de la nation. Le président Houphouet-Boigny avait créé une série de parcs nationaux dont celui du Mont Péko. Mais, dès sa mort, la destruction de ces réserves a commencé. Bien entendu, le sort de ce parc national m'a préoccupé depuis mon premier voyage en pleine crise en janvier 2011, à Duékoué. Je suis allé à l'époque dans cette localité, parce qu’il y avait eu des tueries. J'ai passé plusieurs jours à dialoguer avec les différentes communautés ethniques de la région, pour mieux comprendre ce qui s'est passé, mais je suis aussi allé pour apporter de l'aide aux réfugiés. Pendant ce premier voyage, j'ai déjà réalisé que quelque chose de très grave était en train de se passer au Mont Péko. A l'époque, c'était impensable d'y aller. Je suis retourné au mois de mai 2011, après les terribles tueries du quartier Carrefour à Duékoué. A cette occasion, j'ai insisté auprès des autorités pour y aller moi-même, afin de me rendre compte personnellement de la situation. La réponse des autorités était celle-ci: «vous ne pouvez pas y aller, monsieur l'ambassadeur, parce que si nous y allions, vous peut-être, vous pourriez vous en sortir vivant, mais nous, ce n'est pas évident, ils vont nous tuer.» Finalement, je suis allé, mais j'ai su beaucoup plus tard que j'étais le premier et le seul ambassadeur étranger jusqu'à présent, à m'aventurer à l'intérieur de ce parc.

 

L'inter: Aviez- vous rencontré le fameux Amadé Ouérémi?

 

Non, il avait déjà été arrêté. C'était une très bonne nouvelle d'ailleurs, son arrestation. Mais, j'ai vu sa famille, la maison où il a été arrêté, j'ai longuement parlé avec ses proches. J'en suis extrêmement heureux, je l'ai d'ailleurs exprimé au ministre d’État Hamed Bakayoko, que le gouvernement ait pris la décision de mettre fin à cette situation. C'est inadmissible que ces gens essaient de jouer avec le temps, pour obtenir de nouveaux délais avant leur déguerpissement. J'espère que ce nouveau délai ne leur sera pas accordé. Mais, je me rends aussi compte que l'opération n'est pas facile, il ne s'agit pas de quelques personnes isolées. Il y a aujourd'hui à l'intérieur de ce parc, des dizaines de villages et des dizaines de milliers de personnes. Rapatrier les occupants étrangers dans leurs pays d’origine ou renvoyer les nationaux d'où ils sont venus, ne sera pas chose facile. Le gouvernement aura certainement besoin du soutien de la communauté internationale pour mener cette opération. Mais, il faudra nécessairement la mener. La forêt vierge, elle, est détruite, on ne peut plus la reconstituer. Par contre, des experts m'ont rassuré qu' on peut relativement bien reconstituer la réserve pour les animaux. En effet, si on détruit ces plantations de café et de cacao qui ont été faites dans cette réserve, pour laisser la forêt repousser, on peut d'ici à quelques années, retrouver un parc où les animaux peuvent vivre.

 

L'inter: Vous quittez la Côte d'Ivoire à un an de la prochaine présidentielle, que faut-il, selon vous, pour le bon déroulement du scrutin?

 

Il me semble extrêmement important que ces élections remplissent deux conditions. La première, je suis conscient, ce n'est pas chose facile, est que tout le monde accepte les règles du jeu. Ce n'est pas la seule garantie pour la réussite. Souvenez-vous qu'avant les dernières élections présidentielles, tout le monde a accepté les règles du jeu, mais pas après... La deuxième condition, c'est évidemment la reconnaissance des résultats du vote, une fois qu'ils sont connus et proclamés dans les normes par les institutions qui en ont la responsabilité, à savoir la Commission électorale indépendante (Cei), et le Conseil constitutionnel. Il faut que ces résultats soient acceptés par le perdant. Une échéance électorale n'a jamais été la fin d'une vie. Dans nos pays, qui sont de vielles démocraties, nous sommes habitués à ce jeu à l'issue duquel il y a forcément un gagnant et un perdant. On a vu, il y a quelques années, le changement de régime aux Etats-Unis. Il n’y a eu aucune dispute, les Républicains ont perdu, ils ont cédé le pouvoir aux Démocrates. Plus récemment encore, le président français, Nicolas Sarkozy n'a pas été reconduit, il est parti sans discuter. C'est ce qui doit se passer en Côte d'Ivoire. Une élection perdue n'est pas une catastrophe. Nous disons, chez nous en Suisse, «avant l'élection, c'est après l'élection». Cela veut dire qu'on perd ou on gagne. Mais aussitôt, il faut penser aux prochaines élections qui pointent à l'horizon. Lorsqu'on perd, on fait une croix sur cette élection et on œuvre pour gagner la prochaine. C'est cette vie démocratique normale que je souhaite à la Côte d'Ivoire.

 

Un extrait litote de : Interview réalisée par Charles d'Almeida (L'inter).

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